Hermeline ou l’enfance assassinée

Poème extrait du recueil Ex-Slamation

Et mon cœur se brise quand ces regards-là faits de lumière grise se posent sur moi !

 

Hermeline ou l’enfance assassinée

 

Dans son visage pâle, ses yeux me font mal,

Trop noirs et trop grands, tels des océans,

Témoins d’une horreur qui ne peut se dire,

Hantés par la peur de tout souvenir,

Pupilles élargies sur la barbarie.

 

Devant ce regard empli de silence,

Devant ce regard vidé d’espérance,

Face à cet enfant, de tout, innocent,

Qui ne peut plus dire, qui ne peut plus rire,

Comment justifier sans baisser les yeux

Que la guerre vaut mieux que sa vie brisée ?

 

Sur son visage lisse une larme glisse,

Sur tant d’impuissance face à la violence,

Sur tant d’indécence face à la souffrance

Et mon cœur se brise quand ces regards-là

Faits de lumière grise se posent sur moi !

 

Ces larmes de sang de tout temps versées,

Ces vies éclatées dans le blé des champs,

Tableaux sanguinaires peints par tant de guerres,

Sont le sacrifice des hommes à la haine

Qui malgré la peine égorgent leurs fils.

 

Dans son visage pâle ses yeux me font mal,

Trop vides, trop grands, emplis de néant,

Miroirs effrayants de l’aveuglement

D’un monde effarant qui tue ses enfants,

Car plonger nos yeux dans ceux d’Hermeline

C’est y voir en vérité toute l’enfance assassinée !

 

 

© Catherine Gaillard-Sarron 10.6.18
Poème extrait du recueil Éclats de vers Nov. 2000.
Publié dans la revue Axolotl n° 22 de fév. 02 – Créé le 4.12.99 modifié le 10.6.18