Dans le regard de l’autre

Poème extrait du recueil « La ligne du temps »

S’il est vrai que c’est dans le regard de l’autre que l’on commence à exister, alors les vieux n’existent plus car plus personne ne les regarde !

S’il est vrai que c’est dans le regard de l’autre

que l’on commence à exister,

alors les vieux n’existent plus,

car plus personne ne les regarde !

Et pourtant…

 

Regardez leurs yeux fatigués,

Usés d’avoir trop contemplé,

Briller de vous voir arriver.

 

Regardez leurs mains déformées,

Usées d’avoir trop caressé,

S’ouvrir encore pour vous serrer.

 

Regardez leurs corps fanés,

Usés de s’être trop donnés,

Trembler quand vers eux vous allez.

 

Regardez leurs visages ridés,

Usés d’avoir déjà vécu,

S’éclairer de pouvoir vous parler.

 

Écoutez leurs cœurs blessés,

Usés d’avoir autant aimé,

Souffrir de n’être plus entendus

Et se briser de n’être plus aimés !

 

 

© Catherine Gaillard 15.2.99