À votre bon cœur…

Poème extrait du recueil Ex-Slamation

Fantômes anonymes admirant l’édifice, Défilent les touristes négligeant la pauvresse, Posée sur ses genoux, Sa tête est recouverte, D’une écharpe de laine qui cache son visage…

À votre bon cœur…

 

Elle se tient sur la place, adossée à l’église,

Assise sur le sol malgré la pluie battante,

La foule tout autour, se presse, indifférente,

Ignorant sa main blême qui se tend dans le froid.

 

On ne devine rien dans ce tas détrempé,

Cet amas de misère d’où émerge une main,

Une main dont la paume, tournée vers les passants,

Implore une pitié que seul touche le vent.

 

Fantômes anonymes, admirant l’édifice,

Défilent les touristes, négligeant la pauvresse ;

Posée sur ses genoux, sa tête est recouverte

D’une écharpe de laine qui cache son visage.

 

Malgré la pluie battante, la femme est immobile,

Statue contemporaine dédaignée des touristes.

Il n’y a que sa main qui tremble sous la pluie,

Cette main décharnée qui demande l’aumône,

 

Une pauvre main vide qui supplie les passants,

Qui se tend dérisoire en quête d’une obole,

Une indigente main qui en appelle au cœur

Et s’adresse poignante à la bonté d’autrui.

 

Mais pareils à la pluie qui traverse son dos,

Les regards la traversent avec indifférence,

Impassible la foule défile devant elle,

Ignorant sa présence et son geste implorant.

 

Sur les pavés mouillés on ne voit plus qu’un tas,

Tremblant et invisible adossé à l’église.

Vaincue par l’égoïsme la main à disparu,

Ôtant à la pauvresse sa dignité humaine.

 

 

© Catherine Gaillard-Sarron 2.12.10